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La CPAM 89 projette « Même pas peur », vibrant plaidoyer contre les préjugés et l’intolérance à l’égard du handicap

« Petit film par la durée mais pas par l’intensité, « Même pas peur », document choc sur le regard des autres à l’encontre des personnes handicapées a suscité des sourires mais aussi des larmes parmi les 120 personnes, invitées par la CPAM de l’Yonne et son directeur, Gilles BROSSARD, qui soutiennent la Charte Romain Jacob, guide éthique de l’accès aux soins des personnes vivant avec un handicap… ». « Petit film par la durée mais pas par l’intensité, « Même pas peur », document choc sur le regard des autres à l’encontre des personnes handicapées a suscité des sourires mais aussi des larmes parmi les 120 personnes, invitées par la CPAM de l’Yonne et son directeur, Gilles BROSSARD, qui soutiennent la Charte Romain Jacob, guide éthique de l’accès aux soins des personnes vivant avec un handicap… ». Crédit Photos : Thierry BRET.

Le décor est on ne peut plus inhabituel. D’ordinaire, lorsqu’elle décide de communiquer vers un large public, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de l’Yonne investit un amphithéâtre universitaire, une salle institutionnelle en rapport avec la santé, voire l’un des espaces du siège pouvant faciliter l’accueil d’une importante réunion. Mais, c’est bien au sein du complexe cinématographique « CGR » à Auxerre que Gilles BROSSARD, directeur de la vénérable institution, donnait rendez-vous, mercredi matin, à un public spécifique, lors d’une projection très immersive sur le monde du handicap…

 

AUXERRE : Il n’était pas question de visionner les énièmes péripéties de l’un des innombrables personnages, issus du catalogue « Marvel » ou de découvrir en avant-première, et en guise de délicieuse confiserie de Noël, le nouvel épisode des héros virtualisés d’« Avatar » ! Pourtant, le cadre s’y prêtait remarquablement bien, en substance. A l’instar de la date, fleurant bon le calendrier de l’Avent à ouvrir dès le lendemain…

De confortables fauteuils offrant une excellente assise dans l’une des salles du complexe CGR – le cinéma d’Auxerre pour les non-initiés ! -, un écran super dimensionné plongeant le regard des spectateurs au cœur de l’action, le son Dolby à la résonance acoustique si extraordinaire, l’atmosphère sympathique d’une salle bien remplie comme lors d’une projection de l’un des fleurons du septième art où il ne manquait finalement que les pop-corn : bref, la CPAM de l’Yonne faisait relâche avec ses moyens de communication traditionnels, invitant un public, ciblé parmi les milieux associatifs sanitaires, et la presse, à une séance cinématographique, sans doute chargée en émotivité et en liquide lacrymal à répandre sur les joues des plus sensibles d’entre nous…

 

Les préjugés et le regard cruel des autres…

 

Trente-deux minutes et quelques bribes de témoignages en sus, extraits d’un autre film. Un chiffre qui correspond à la durée du moyen métrage – il a été conçu en 2015, on y aperçoit d’ailleurs le regretté secrétaire général des Nations Unies, l’Egyptien Boutros BOUTROS-GHALI, personnage charismatique au grand cœur et d’une rare tolérance y répondre à une interview – devant être présenté en guise de support introductif à l’intervention d’un orateur hors pair et au ton décalé mais d’un grand supplément d’âme, Pascal JACOB. Nous y reviendrons dans un autre article.

« Même pas peur ! ». Un titre à la sémantique enfantine qui ferait presque sourire si le sujet abordé n’y était pas aussi sérieux et grave. Celui des préjugés et du regard des autres. De la peur, aussi. Dur, impitoyable, cruel, remuant les consciences et les âmes – c’était le but avoué, non ? – et traduisant l’inéluctable réalité vécue par celles et ceux qui en tiennent la vedette bien malgré eux : des handicapés.

Que nenni ! Des « personnes » handicapées, car comme le mentionnera l’un des témoins de ce film qui est loin d’être une simple fiction : « nous sommes des personnes avant tout, bien avant d’être des handicapés ».

 

 

 

Une déchirure qui transperce le cœur : le jugement d’autrui…

 

Les images s’enchaînent. Regard d’enfants sur le monde des invalides et les fameuses différences. Avec son lot de situations cocasses : un garçonnet intrigué par une personne se mouvant dans un fauteuil roulant qui s’installe in fine sur ses genoux pour faire un petit tour comme s’il était à bord d’un manège. L’idéal pour faire tomber les préjugés et vaincre la peur de l’autre. Un zeste d’humour salvateur qui déride la salle. Ouf ! Elle en a besoin. Il est vrai que certaines images, certains commentaires nous hérissent le poil.

« Les regards des gens sur mon handicap sont autant de déchirures qui me transpercent le cœur… ». Le jeune homme qui se livre à cœur ouvert face caméra affiche une mine triste. On le sent bouleverser par tant d’injustice, tant de coups du sort. C’est vrai : il n’a pas choisi de vivre avec ce statut qui lui colle à la peau de personne victime d’un handicap…

Les spectateurs s’enfoncent davantage dans leurs fauteuils. Pourtant, le réalisateur – les réalisateurs devrait-on dire car ils sont au nombre de trois avec Adrien JOUSSERANDOT, Nelson CASTRO et Pascal JACOB, lui-même qui en écrira le scénario - ne livre pas de messages où le pathos fleurirait de séquence en séquence. Juste la réalité ordinaire d’une existence malmenée par le destin.

 

 

L’humain s’enrichit des différences des autres…

 

Commande de l’Elysée, au temps de François HOLLANDE, dans le cadre de la Conférence nationale du handicap (CNH), ce moyen métrage est porté par l’association HANDIDACTIQUE qui n’en est pas à une réalisation visuelle près.

C’est la première fois qu’il est projeté dans l’antre cinématographique auxerrois.

Interrogé dans son vaste bureau entouré de somptueux ouvrages, le créateur des Centres d’action médico-social précoce (CAMSP), Roger SALBREUX résume tout à la lumière de cette introspection vers l’altruisme et la compréhension de l’autre d’une phrase tellement riche : « l’humain s’enrichit des différences des autres… ».

Installée parmi les premiers rangs, Maryline SAINT-ANTONIN, adjointe à la Ville d’Auxerre en charge de la Santé et de la Solidarité, a le regard qui pétille. En sa qualité de médecin, aussi, son regard est intéressé.

Que dire, après une telle projection qui a un rôle de tolérance pédagogique que bon nombre d’écoles, d’entreprises, d’associations mais aussi de particuliers devraient au moins avoir visionné une fois dans sa vie !

 

 

Non loin de l’élue communautaire, la vice-présidente du Conseil départemental Catherine MAUDET – elle est aussi présidente de la CDAPH - livre ses impressions en ne montrant pas trop son bouleversement : « il est important de poser des jalons dans l’Yonne et préparer davantage les médecins sur le champ du handicap… ».

Et d’ajouter, preuve à l’appui, l’ouverture d’une classe préparatoire aux études de médecine, initiée par son collègue Gilles PIRMAN, sur notre territoire.

« On devrait tous se sentir bien dans une salle de cinéma », proclamait la petite bande annonce liminaire de « Ciné Ma Différence » avant la projection.

Visiblement, et avant que Pascal JACOB, président de la « Charte Romain Jacob », honorant ainsi la mémoire de son fils trop tôt disparu, ne recueille les impressions à chaud du public, c’est le sentiment qui prédominait dans cette salle auxerroise bien garnie (plus de cent-vingt personnes) et émue.

Une charte soutenue et validée par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie en France comme le confirmera Gilles BROSSARD, directeur de l’entité icaunaise, et l’UGECAM Bourgogne Franche-Comté, organe assurant la gestion d’une vingtaine de structures sanitaires et médico-sociales, représenté par son directeur général, Christophe ALLIGIER.

Une séance si particulière qui ne pourra plus jamais laisser ces spectateurs indifférents à la cause du handicap…

 

Thierry BRET