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Témoignage d’un expert-comptable : entre crise et espoir, la vie est redevenue très belle…

« Plus personne dans les rues des villes ou sur les zones de promenade depuis une dizaine de jours : l’inquiétude gagne celles et ceux qui chez sont en état de confinement. Reste ce moment fort des retrouvailles en famille et de ces petits plaisirs malins que l’on s’accorde et qui font que la vie reste très belle… ». « Plus personne dans les rues des villes ou sur les zones de promenade depuis une dizaine de jours : l’inquiétude gagne celles et ceux qui chez sont en état de confinement. Reste ce moment fort des retrouvailles en famille et de ces petits plaisirs malins que l’on s’accorde et qui font que la vie reste très belle… ». Crédit photos : Thierry BRET.

Mercredi matin, nouvelle journée de confinement, je me suis rendu au bureau comme chaque jour, mais pas tout à fait quand même. Question d’ambiance. Sur la route, la circulation est digne d’un dimanche à 7 heures du matin. Personne dans les rues à Auxerre ou presque. La boulangerie reste ouverte : il n’y a pas grand monde. Mais, une file d’attente existe malgré tout. Pas étonnant avec ce mètre réglementaire qui est imposé entre deux citoyens consommateurs visiblement inquiets…

AUXERRE : J’arrive au bureau. Personne en vue, tout le monde est en télétravail depuis la veille. Pas de téléphone qui sonne, pas de photocopieur qui ronronne entre deux éructations de pages, pas de lampes allumées sur les bureaux. Du coup, le cabinet est plongé dans une ambiance endormie à l’identique d’un jour de vacances quand on passe juste relever le courrier.

Nos clients ne sont pas à la fête : les restaurateurs sont fermés pour raison administrative. De toutes façons, l’activité était en chute libre depuis quelques jours, voire parfois davantage.

L’artisan du bâtiment se demande comment il va terminer les chantiers en cours et si ses fournisseurs vont continuer à le livrer. Le commerçant s’interroge : comment va-t-il faire pour payer fournisseurs, impôts et taxes, alors que plus rien ne rentre dans la caisse. Quant aux ouvriers et employés de toutes ces entreprises, ils se demandent ce qu’ils risquent en venant travailler, ce qu’ils perdent en ne venant pas, ce quoi les lendemains de leurs boîtes seront fait « si ça dure ».

 

 

 

 

Au bureau, j’ai géré ce que j’ai pu…

 

Personne n’est à la fête. J’ouvre mon ordinateur et les nouveaux mails s’affichent sans cesse. A se demander si ça va s’arrêter tout seul ou s’il ne faudrait pas mieux y mettre fin en appuyant sur le bouton, comme on finit par faire taire un enfant surexcité qui n’arrête pas de raconter ce qui lui est arrivé. 

Les messages se classent en deux catégories : ceux des clients qui s’inquiètent et demandent conseils, et ceux presque aussi nombreux, des organismes, des institutions, des fournisseurs, et de gens ou d’entreprises qu’on ne connait même pas. Mais qui nous assurent tous qu’en ces temps de crise, il s’agit de faire front commun. Que l’on soit assuré et qu’ils font tout pour rester à notre écoute et notre service.

J’ai fait ce que j’ai pu, répondu ce que je savais, ou répondu que je ne savais pas, transférer les demandes, transmis les documents…

Puis je suis rentré à la maison. Il était 13 heures. Moi aussi je travaille à la maison. Il faisait beau, c’était le printemps. Je me suis arrêté au supermarché du coin, j’avais vu la semaine dernière qu’on avait ressorti les saucisses et merguez en prévision du retour du printemps. Cela m’a donné une idée. Il me restait aussi un peu de charbon de bois de la saison dernière, du temps d’avant. J’ai acheté de la viande et une bouteille de rosé.

A la maison, J’ai ressorti et dépoussiéré le barbecue. Comme d’habitude, je n’avais pas nettoyé la grille la dernière fois en septembre. Le temps de lancer le feu, mettre le rosé au frais, il était presque 15 heures.

Les enfants sont descendus de leur chambre. On a trinqué : l’été était là dans nos cœurs et dans nos têtes. Comme si de rien n’était.

On se sentait presque vacances. Les horaires des repas, non respectés, devenant n’importe quoi. Mais, la vie est redevenue très belle…