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Malgré la hausse des loyers et l’insalubrité, le logement reste le nœud gordien que les politiques ne savent pas trancher…

« Le logement fait encore figure de parent pauvre en France parmi les grandes stratégies politiques à mettre en place. Beaucoup de gouvernements ont essayé de bouleverser la donne, peu ont réussi. Pourtant, vivre dans un logement décent constitue un droit primordial pour les citoyens de notre pays. Un paradoxe quant on sait que l’envolée inflationniste des loyers a augmenté de plus de 30 % en l’espace de trois décennies… ». « Le logement fait encore figure de parent pauvre en France parmi les grandes stratégies politiques à mettre en place. Beaucoup de gouvernements ont essayé de bouleverser la donne, peu ont réussi. Pourtant, vivre dans un logement décent constitue un droit primordial pour les citoyens de notre pays. Un paradoxe quant on sait que l’envolée inflationniste des loyers a augmenté de plus de 30 % en l’espace de trois décennies… ». Crédit Photo : D.R.

Récemment, la journaliste non adepte de la langue de bois Élise LUCET consacrait dans son émission, « Envoyé spécial », un reportage aux personnes qui ne possèdent pas de logement. Le magazine « Télé Z » résume leur situation en quelques phrases lapidaires : « Un travail mais pas de toit. Ils ont un CDI ou un CDD et pourtant, leurs revenus ne leur permettent pas d’obtenir un logement. Contrairement à leurs collègues qui, le soir venu, regagnent leur domicile, eux vivent au bureau, dans un parking, une voiture ou chez des amis pour les plus chanceux… ». Un cruel dilemme que vivent des milliers de nos concitoyens…

TRIBUNE : On n’a jamais résolu la question du logement en France. Pourquoi ? La première cause, bien sûr, est à la fois imputable au monstrueux égoïsme et à l’inconscience phénoménale des classes dirigeantes depuis des siècles. En fait, depuis les origines de l’humanité, sauf, probablement au cours de la Préhistoire. Les hommes, alors, étaient tous à la même enseigne, vivant ensemble dans une caverne. En tout cas, c’est certainement la seule époque de l’Histoire où régnait l’égalité entre les hommes, avec un logement unique pour tous et de la nourriture à partager.

Depuis, la situation s’est dégradée. Un bel exemple illustre le mépris des classes dirigeantes pour le logement des « gens de peu », du « peuple des abysses », des « sans dents » : des millions de visiteurs se pressent chaque année au château de Versailles.

On visite la chambre du Roi, de la Reine, éventuellement de magnifiques écuries, mais personne ne se pose la question du logement de ce personnel qui était au service de la Cour. Les historiens estiment que cette population représentait environ trois mille individus. Où logeaient-ils ? Où dormaient-ils ? Oui, personne ne se pose jamais la question.  La réponse est pourtant simple et sans équivoque : il n’y avait pas de logements attribués au personnel de la Cour. Ces serviteurs dociles dormaient là où ils le pouvaient, sous les combles, dans les escaliers, dans les écuries…

Aujourd’hui, la société française se dit républicaine. Partout, elle écrit : « Liberté, Egalité, Fraternité ». Mais, cette devise ne s’applique pas vraiment au logement. De Versailles à la Vème République, on constate donc à travers l’histoire de notre pays la même indifférence pour ce droit primordial que représente l’habitat de la part de la classe politique pour « les gens d’en bas ». Cette même incapacité séculaire à résoudre cette question, pourtant élémentaire dans toute société qui se respecte et qui prône les vertus des droits de l’Homme.

De multiples raisons à l’envolée inexorable du foncier…

Après la Seconde Guerre mondiale, dans l’esprit de la reconstruction, l’Etat a créé le mouvement « HLM ». Ce n’était pas parfait, certes, tant le retard à combler était immense. Cela a suscité néanmoins un grand souffle d’espérance. Et puis, le soufflé est retombé. Platement et de manière irréversible. Pourquoi ? Tout simplement, horriblement, parce que pour des millions de Français, leur revenu ne leur permet pas de payer le loyer correspondant à un logement décent.

Il y a plusieurs raisons à cela. La première est le prix du foncier. Selon Alain DININ, un grand promoteur, la part du foncier, dans un logement, représente actuellement 30 % du prix du logement. Ce qui est proprement inadmissible !

Deuxième raison : elle réside dans la « décohabitation », c’est-à-dire que les ménages se sont disloqués et là où un logement abritait autrefois une famille, il faut maintenant deux lieux de résidence. Au total, on compte deux millions de familles monoparentales qui, dans 82 % des cas, sont constituées d’une mère avec ses enfants.

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Une troisième raison réside dans l’inexorable concentration urbaine, la cause principale du prix inflationniste du foncier. Là encore, on voit le poids de l’histoire. Richelieu disait déjà : « Paris périra de sa trop grande grandeur… ».

Quant à la quatrième raison, elle repose sur l’afflux de normes en tous genres qui augmentent fortement le coût du logement et de procédures d’urbanisme qui ont fini par former un véritable maquis.

Se résigner, non ! Il faut une politique volontariste !

La conséquence de tout cela est sans appel : en trente ans, le prix réel des logements a été multiplié par deux et les loyers ont fait un bond prodigieux de 30 % !

Va-t-on donc se résigner, abdiquer, démissionner, renoncer, capituler et laisser des millions de Français dans la détresse du mal logement, voire du pas de logement du tout ?

Va-t-on dire, comme un président de la République avouant son impuissance : « Le chômage, on a tout essayé ! » et jeter le manche après la cognée ?

Non, on ne peut pas, on ne doit pas abdiquer ! Il faut simplement avoir les idées claires, de la volonté et inscrire avec détermination son action dans le temps, c’est-à-dire ne pas changer de ministre tous les deux ans. La semaine prochaine, nous tracerons de nouvelles voies pour sortir de cette ornière sociétale qui n’a rien d’inéluctable…

Emmanuel RACINE