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L’édition reste une galère pour les impétrants écrivains ou les écrivains putatifs : des conseils à compte d’auteur !

« Tout le monde peut écrire et éditer. Une fois passé par le parcours inéluctable du combattant de l’édition. Mais, attention, entre la censure et les chausse-trappes, les désillusions persistent… ». « Tout le monde peut écrire et éditer. Une fois passé par le parcours inéluctable du combattant de l’édition. Mais, attention, entre la censure et les chausse-trappes, les désillusions persistent… ». Crédit Photos : Marina SIAS/PIXABAY.

Tout le monde veut écrire, c’est sans doute une bonne chose. Mais, nous sommes de moins en moins nombreux à lire des livres. Les librairies diminuent à cause des tablettes. La concurrence des ventes par correspondance s’est accélérée avec la pandémie. L’e-book progresse : en 2019, le livre numérique intéressait 5 % des Français avec 2,3 millions d’exemplaires vendus contre 29 millions de livres papier. Les maisons d’édition souffrent : librairies temporairement fermées, séances de dédicaces en berne et pas d’aide particulière de l’Etat…

 

TRIBUNE : Nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir raconter notre histoire (conséquences d’une société narcissique ?). Pour ceux qui souhaitent faire appel à un « porte-plume », donc utiliser une main d’œuvre extérieure, il faut compter sur un budget de 60 euros de l’heure ou en moyenne sur une somme de 3 000 euros. La volonté de transmettre l’histoire familiale n’intéressera que la famille des personnes concernées…Mais pourquoi pas ?

Pour les écrivains en mal d’éditeur, on peut conseiller de cibler, lorsque c’est possible, les spécialités de la société d’édition : policier, histoire, poésie…

Face à la pléthore d’éditeurs possibles, souvent les novices procèdent au hasard en utilisant un moteur de recherches sur Internet. Conforme à la moyenne européenne, la France compte près de 10 000 éditeurs. Dans le trio des plus importantes citons : Gallimard, Flammarion et Milan.

Si la plus ancienne maison d’édition est « Hachette » (1826) pour la France, soulignons que l’une des plus vieilles de la planète, c’est la « Cambridge University Press »  née en 1534 en Angleterre ! Il n’est guère étonnant que Cambridge soit l’une des meilleures universités de la planète !

 

Le parcours du combattant selon les différentes éditions…

 

Il existe trois types d'éditions en France : l'édition à compte d'éditeur est la plus connue et la plus sollicitée. L’éditeur accepte votre manuscrit et prend à sa charge tous les frais. Parfois, il peut même verser une avance avant même d’avoir reçu le manuscrit ! C’est le nirvana pour un auteur…

Publié chez « Michel Lafon », mon ouvrage « Tous les banquiers ne finissent pas en prison…Moi c’était dans la rue » a pu bénéficier de cette situation avantageuse. Pour la promotion de l’ouvrage trois attachées de presse : une pour le plan média national, une pour le régional et une autre qui partait à la recherche d’un producteur de cinéma ! Résultat après de nombreuses télés, radios nationales, journaux quotidiens, magasines, dédicaces rencontres dans de grandes librairies : plus de 6 000 exemplaires se sont vendus.

Sans médiatisation, les ventes vont être difficiles. Dans ce cas, il faut viser les médias régionaux, journaux, radios locales…

L'autoédition se répand à vitesse grand V. L’auteur s’occupe de tout (impression, diffusion, promotion…). C’est la certitude d’être édité mais les contraintes découragent souvent les velléitaires de l’écriture !

Et enfin, l'édition à compte d'auteur/ Elle est souvent confondue à tort avec la première, pour le plus grand désarroi des jeunes auteurs. L'édition à compte d'auteur consiste pour un auteur, à faire éditer ses ouvrages par un éditeur qui assure seulement la partie technique de l'édition et de la diffusion, en dehors du choix éditorial proprement dit.

C'est donc l'auteur qui paie les frais d'impression et de publicité de son livre. Certains éditeurs proposent de prendre en charge l’impression : on imprime qu’à la demande et de fait, l’auteur ne fait aucune avance. On peut donc aujourd’hui éditer sans bourse déliée. Attention aux éditeurs peu scrupuleux, aux annonces alléchantes « éditer gratuitement votre ouvrage, réponse assurée sous quinze jours ». Retenez que certains éditeurs ne répondent jamais, que d’autres demandent une participation de 800 ou 1 000 euros pour la correction des textes, en arguant du fait que la diffusion est impossible sans la participation d’un correcteur agréé. Argument fallacieux à plus d’un titre : il n’existe pas de correcteurs agréés, pas plus que d’impossibilité de diffusion, si ledit correcteur n’intervient pas. Restez vigilant, si c’est gratuit cela doit l’être jusqu’au bout ! 

 

 

Censure et chausse-trappes à tous les étages…

 

Au cours de ma carrière d’écrivain, j’ai eu le privilège d’éditer deux autobiographies à compte d’éditeur,  un recueil de poésies comme auto éditeur et une dizaine de recueils de poésie à compte d’auteur chez quelques sociétés d’édition.

Lorsque je souhaite une couverture personnalisée, je règle aujourd’hui une centaine d’euros, mais ce n’est pas imposé par mon éditeur. Tous les autres services proposés par l’éditeur, et payants, sont souvent inutiles : référencement sur des sites, invitation dans des « salons du livre ». Les « salons du livre » sont à votre charge (emplacement, hébergement, transport…) et ne concernent que les vedettes locales.

La majorité des auteurs présents ne sont que les faire-valoir des invités vedettes ! Pour la promotion, notons l’intérêt des réseaux sociaux, les contacts directs avec les correspondants de presse des journaux locaux, les radios locales.

Depuis plus de dix ans, Radio Avallon m’a toujours accordé des interviews lors de la publication de mes ouvrages ! Il est important de rédiger un texte de présentation et un CV personnalisé qui montre vos motivations pour sortir le livre. Une dernière précision : très récemment, je me suis vu refusé mon dernier manuscrit par quelques maisons d’éditions.

Mes poèmes constituent des pamphlets tournés contre le pouvoir, les ministres et notre président. Rien de méchant mais une forme de journal traitant nos élus à la manière des « chansonniers » d’hier. Souhaitant quelques précisions j’ai obtenu les précisions suivantes : « impossible d’éditer ce texte, trop engagé », « nous ne voulons pas de problèmes », « cela peut choquer certains de nos auteurs ou de nos lecteurs »…

Cerise sur le gâteau : « Il n’y a plus de liberté d’opinion aujourd’hui » et « allez chez Amazon, ils éditent n’importe qui » ! C’est sans doute cela la gloire du poète, se faire rejeter comme Eric ZEMMOUR et ultime consécration,  le poète embastillé pour propos inconvenants !

Madame « Anastasie », bonjour ! On pourrait dire anesthésie ! Retenons que l’origine grecque d’« Anastasie », c’est « résurrection » : la liberté ne meurt jamais. Pour les plus jeunes d’entre nous, « Anastasie », c’est le nom donné à la censure en France dès 1914 !

Tout le monde peut écrire et se faire publier à peu de frais, mais restons prudents, si la poésie et la dramaturgie font partie des arts majeurs, tout le monde ne pourra pas signer es qualité « artiste ».

La publication à la portée de chacun de nous, c’est sans nul doute une bonne chose offerte par le monde moderne. Attention, il faut beaucoup de travail : écrire, réécrire, corriger au moins cinq ou fois le texte, se faire corriger par un ou plusieurs amis ou membres de la famille.

Mon expérience : je me relis au moins une fois oralement, cela me permet de relever certaines erreurs, et lorsque je trouve que mon travail ne vaut rien et que c’est à vomir, là, j’arrête tout et il est temps d’envoyer le manuscrit à un éditeur ! « Sans travail, le talent n’est qu’une sale manie ». Georges Brassens.

 

Jean-Paul ALLOU