Il n’y a pas si longtemps, on qualifiait encore ce site à la typicité certaine de « verrue » dans le paysage auxerrois. Un terme à la caractéristique « dermatologique » plutôt risible qui s’atténua un peu plus tard, avec la réalisation de l’immense fresque recouvrant la quasi-totalité du silo numéro quatre. Une œuvre d’art, bien connue des Auxerrois, qui devrait progressivement disparaître de leur champ de vision à partir du 20 décembre, sous les coups de boutoir de l’énorme pelle mécanique, la plus haute d’Europe munie de sa flèche de 76 mètres de hauteur. Cette fois-ci, c’est sûr le quartier Batardeau Montardoins entame vraiment sa profonde mutation !
AUXERRE : Très sollicité par les journalistes, venus en nombre sur le site désaffecté et bientôt en travaux aux abords de l’Yonne, il ne cesse d’apporter son lot d’explications détaillées. Une première séquence d’interview face à la caméra de nos confrères de « France 3 » pour se mettre en jambe, puis l’adjoint au maire en charge de l’Urbanisme, des Travaux et de l’Accessibilité explicite durant une quinzaine de minutes en répondant à toutes les interrogations, lors d’un point presse soumis aux assauts capricieux du vent et de quelques goutte de pluie, le déroulement du futur chantier devant réellement débuter le 20 décembre prochain, après une phase imminente de curage et désamiantage.
Non loin de là, les responsables du chantier de la société bordelaise « Avenir Déconstruction », affublés de leurs casques blancs rivés sur la tête et gilets fluorescents à bande jaune, se préparent eux aussi à entrer en action afin de livrer leurs arguments techniques, si précieux à la compréhension.
Un modèle de durabilité et d’innovation
Jamais avare de renseignements, Nordine BOUCHROU démarre sa conférence de presse, bille en tête, expliquant les arcanes du protocole partenarial, entériné avec les groupes CARDINAL, promoteur immobilier et ESSOR, spécialiste de la conversion des friches industrielles.
« L’idée est de travailler avec eux sur la promotion d’un data center, souligne l’élu auxerrois, avec sur celui-ci la présence à terme d’un restaurant en roof top – soit une structure qui s’apparente à l’occupation d’une grande terrasse se trouvant sur un toit aménagé -, voire d’y accueillir également un hôtel. Ce projet de réhabilitation couvre 17 hectares. On a répondu à un appel de manifestation d’intérêt démonstrateur vie durable en 2022. Les exigences étaient nombreuses à propos de ce dossier-là, avec la désimperméabilisation du site, favoriser la mobilité douce en sortant les véhicules de ce quartier qui deviendra plus tard un éco-quartier. Les deux partenaires ont douze mois pour nous rendre leurs copies. Ils seront accompagnés par les cabinets Mc FARLANE qui a réalisé le projet « Confluences » et l’architecte conseil à la collectivité qui n’est autre que Silvio DACIA ».
La première étape concernera la déconstruction des deux premiers silos qui accueillaient jadis du grain.
« Tout devrait être terminé vers la fin du mois de janvier, promet Nordine BOUCHROU, puis, il sera temps de débarrasser l’endroit de tous ces gravats jusqu’à la fin juin ».
Un projet d’hôtel/restaurant en mode roof top !
Ensuite, dans une seconde tranche, recommencera alors la phase de la reconstruction pour ce chantier important, doté d’une enveloppe de 200 millions d’euros, qui devrait se prolonger dans le temps. Au bas mot entre dix et quinze ans…
Au niveau budgétaire, la Ville prend à sa charge tous les aspects fonciers de l’immense opération.
« Depuis 2022, la Ville a acheté du foncier afin de le mettre à disposition des promoteurs immobiliers, précise l’adjoint à l’Urbanisme, nous avons obtenu une dotation de 500 000 euros nous ayant permis de financer les études. Fin décembre, on aura un retour sur la seconde phase d’appel qui pourrait s’élever à 8 millions d’euros à la clé... ».
Quant à la partie hôtelière/restauration, l’élu l’avoue lui-même : « nous sommes en phase de conception de ce projet, et c’est le rôle des promoteurs de nous proposer la meilleure des solutions ».
Alors, peut-on imaginer aisément un établissement digne de cette appellation à Auxerre et référencé pourquoi pas au Michelin ?!
Réponse de Nordine BOUCHROU en souriant : « quand on veut installer un restaurant dans un concept roof top comme le nôtre, on va nécessairement rechercher une signature ! ».
Seule ombre au tableau : les épicuriens au lieu de saliver à la lecture de ces lignes devront s’armer d’un peu de patience avant de pouvoir se régaler en profitant d’une vue panoramique ! Toutefois, certaines toques de renom se sont déjà positionnées sur le concept alors que la première brique est loin d’être posée !
D’une transformation à une profonde mutation
Une concertation citoyenne est même proposée le 18 décembre, dans la nouvelle configuration de la salle Vaulabelle, aux Auxerrois afin de leur dévoiler les projets de transformation de ce quartier qui ne va pas cesser de bouger au fil de ces prochaines années.
« Le thème est connu, ce sera Auxerre 2050 ! Deux de nos architectes seront présents afin d’expliquer le projet, en prenant en compte les desiderata des habitants. C’est le principe même d’une concertation… ».
Outre la transformation physique de ce quartier, beaucoup de choses seront actées en matière d’emplois, de mobilité, de distractions. « Cet éco-quartier sera un modèle en Europe, nous l’avons présenté à Sciences Po Paris ! ».
A terme, dix mille véhicules jour ne passeront plus par le pont Paul-Bert, ce qui décongestionnera totalement les bords de l’Yonne avec la LISA devant faciliter le renouveau de la circulation à Auxerre. Six parkings de proximité permettront aussi l’encouragement de la mobilité douce sur le cœur de ville. Plus qu’une transformation, c’est une profonde mutation qui attend la capitale de l’Yonne.
Thierry BRET