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Des lycéens échangent avec une réfugiée politique : Anna S., une « reporter sans frontière », témoigne à Saint-Joseph

« Journaliste biélorusse, Anna S. a évoqué son départ précipité de Moscou quelques jours après l’éclatement de la guerre en Ukraine le 24 février 2022 et son arrivée en France une fois son visa D obtenu. Les élèves de seconde lui ont souhaité bonne chance et beaucoup de courage pour l’épreuve à traverser… ».  « Journaliste biélorusse, Anna S. a évoqué son départ précipité de Moscou quelques jours après l’éclatement de la guerre en Ukraine le 24 février 2022 et son arrivée en France une fois son visa D obtenu. Les élèves de seconde lui ont souhaité bonne chance et beaucoup de courage pour l’épreuve à traverser… ». Crédit Photos : Thierry BRET.

Elle se prénomme Anna. Blonde comme les blés des plaines de l’Est, avec un petit sourire triste au coin des lèvres. Originaire de Biélorussie, la jeune femme exerce le métier de journaliste. Une antinomie absolue avec le pays dont elle est native où ne règne plus, depuis fort longtemps, la liberté de la presse et le droit à l’expression. Pourtant, Anna rencontre la relève générationnelle de notre société dans le cadre d’un programme pédagogique concocté par la Maison des Journalistes et le CLEMI. Etape auxerroise convaincante au lycée de Saint-Joseph…

 

AUXERRE : Pense-t-elle encore à Minsk souvent ? Y-a-t-elle des attaches familiales ? Obtient-elle des nouvelles de ses amis, restés là-bas, dans ce pays totalitaire à la solde aveugle de Moscou ?

Depuis le 24 février, Anna S. (la jeune femme, par crainte, ne souhaite pas communiquer son patronyme) suit l’évolution des évènements ukrainiens avec le plus grand intérêt. Logique, lorsque l’on sait qu’autrefois, juste avant son exil de Russie en 2014, elle exerçait la profession de directrice de photographie pour le compte de l’agence de presse, « RIA Novosti » à Moscou. Une enseigne qui allait bientôt se transformer en « Russia Today ». Le canal préféré des propagandistes les plus exacerbés agissant pour le Kremlin.

Il y a bientôt un an, lors de l’éclatement de la guerre – la fameuse « opération militaire spéciale » -, Anna couvrait les évènements depuis Moscou pour le compte de la chaîne britannique, « Sky News ». Quelques jours plus tard, sa présence sur le sol russe se mua en qualité de persona non grata et l’obligea à quitter précipitamment la capitale moscovite, au vu de son passé et de sa position journalistique. N’avait-elle pas couvert des sujets « indésirables » à charge contre les autorités russes ?

 

Une intervention déployée dans le cadre du concept « Renvoyé Spécial »…

 

Traversant la frontière avec la Lettonie à pied, Anna, après moult péripéties, parvint après quelques semaines de repos dans ce pays balte et dès la réception de son visa, à arriver en France.      

Un périple dont elle a apporté les brûlants souvenirs émotionnels aux élèves d’une classe de seconde du groupe scolaire Saint-Joseph-la-Salle à Auxerre. Dans le cadre de leur projet éducatif, consacré à l’international, et profitant des rencontres organisées chaque année par la Maison des Journalistes et le CLEMI, l’établissement privé a pu accueillir la photographe reporter lors d’un atelier de deux heures des plus passionnantes.

L’objectif de ce dispositif, appelé « Renvoyé spécial » - un clin d’œil à la fameuse émission investigatrice de France Télévisions - est de sensibiliser les lycéens à la liberté d’expression et au pluralisme dans les médias par la rencontre avec des journalistes réfugiés politique en France. Cette rencontre a été organisée par leur professeure-documentaliste, Isabelle POISSON.

En début d’année scolaire, les élèves ont également pu voir et travaillé avec Mme CARO, leur professeure d’histoire-géographie, sur l’exposition « Tous Migrants » au CDI. Celle-ci retrace le parcours complexe des migrants à travers des dessins de presse du monde entier, des raisons du départ au processus d’intégration dans un nouveau pays, en passant par les obstacles rencontrés durant leur voyage.

 

 

Un soutien collectif qui fait chaud au cœur…

 

Ce travail s’est donc poursuivi avec l’intervention d’Anna S. qui a évoqué son expérience de journaliste en tant que productrice, et de son travail sur le terrain. Elle devait insister sur le rôle des médias, la manipulation des informations et la liberté d’expression.

Au terme de cette présentation de belle facture, les élèves ont vivement applaudi  l’intervention faite en français, langue que la jeune femme apprend depuis le mois de juin, remerciant l’oratrice pour son « discours très intéressant et enrichissant », et « lui souhaitant du courage, et de retrouver une vie normale ». De quoi lui redonner un peu de baume au cœur dans sa vie de réfugiée politique…

 

Thierry BRET