Depuis des décennies, la place de la femme dans certains secteurs d’activité connaît une part de rejet. Certaines entreprises refusent même d’embaucher des femmes qui pourraient y effectuer un travail dit « d’homme ». Pourtant, des entrepreneurs plus visionnaires traitent cette problématique en prenant le contre-pied de cette tendance discriminatoire…
AUXERRE : Océane, une jeune étudiante qui préparait son CAP s’est vue refuser plusieurs demandes de formations au sein d’entreprises. Anciennement affectée à une formation en gendarmerie, elle s’est reconvertie dans un tout autre registre professionnel en suivant un apprentissage de magasinière au sein de l’entreprise Joël LEFEVRE, concessionnaire de poids lourd DAF à Appoigny.
Elle avait entendu parler de ce métier et souhaitait l’essayer. De ce fait, elle a déposé plusieurs CV. Sa place dans ce corps de métier a été remise en cause plusieurs fois. Des absences de réponses, des refus ont été au rendez-vous pour la jeune fille. Un de ses CV n’a pas été accepté par une entreprise car celle-ci ne possédait pas de vestiaires spécifiques pour les femmes…
Un réel problème de discrimination professionnelle dans l’Hexagone…
Se faire refuser un CV en raison de son sexe est une forme de discrimination à l’embauche. Il est par ailleurs inscrit dans le Code du Travail à l’article L1132-1, qu’« aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement ou de nomination ou de l’accès à un stage ou à une période de formation en entreprise […] en matière de […] son sexe, de ses mœurs… ».[1]
Le secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations a publié un dossier en 2019. La conclusion serait que l’inégalité est toujours d’actualité.
D’après les résultats publiés par Eurostat et l’INSEE puis relayés par le secrétariat d’État en 2018, en France, le taux d’emploi des 15-64 ans, selon le sexe possède un écart. 68,9 % des hommes ont un emploi contre 61,9 % des femmes. La parité n’est ici pas totalement présente. [2]
Une ouverture d’esprit qui augure d’un nouvel avenir…
Fabrice LEFEVRE, directeur général de l’entreprise éponyme, ne voit pas les choses de la même manière. Il a décidé d’accepter Océane pour qu’elle ait l’opportunité de découvrir ce qu’elle voulait faire professionnellement.
N’ayant pas non plus de vestiaires pour les femmes, il lui a fait un aménagement afin qu’elle puisse se changer en toute intimité au même titre que les hommes.
Il n’y a aucun problème d’acceptation des femmes dans son entreprise. Il suffit d’aimer le métier et d’avoir de la volonté. Après cela, le directeur général de l’entreprise n’y voit aucun inconvénient.
Sur 220 salariés employés par la SAS Joël LEFEVRE, 20 % sont des femmes. Il assure même que cela deviendra équitable au sein de l’entreprise avec le temps. Tant qu’il y a de la demande et des compétences, les hommes et les femmes seront acceptés. Au sein de la vingtaine de concessions du groupe, celle d’Appoigny accueille le plus de femmes dans ses équipes.
Selon Océane, ces refus d’embauches vont évoluer car il y a de plus en plus de demande de la part de la gent féminine pour ces métiers qualifiés de masculin.
Les entreprises n’auront alors pas d’autre choix que de faire une place pour les femmes dans leurs effectifs.
En savoir plus :
[1] https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000042026716/
[1] https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/wp-content/uploads/2019/05/30652-DICOM-CC-2019-essentiel.pdf
Jordane DESCHAMPS